Michael Rapoport,



DOW JONES NEWSWIRES



Si les résultats des banques américaines s'améliorent, le mérite en revient partiellement aux régulateurs des normes comptables.



La flexibilité offerte depuis avril par le Comité des normes comptables et financières, ou FASB, sur les controversées règles de mise à la valeur de marché du prix des actifs a en effet considérablement soulagé les banques en matière de charges de dépréciation.



Wells Fargo et State Street en ont, parmi d'autres, largement profité au deuxième trimestre 2009. La FASB a allégé les normes sur la mise à la valeur de marché sous la pression des banques et de certains membres du Congrès.



Ces modifications ont aidé les banques à éviter une contraction de leurs bénéfices lorsqu'elles devaient passer des charges de dépréciation sur les pertes des actifs toxiques qui ne sont pas temporaires. Désormais elles peuvent faire basculer les charges de dépréciation sur des titres de créances dans la ligne du bilan "résultat étendu" aussi longtemps qu'elles les considérent comme des actifs en souffrance.



Et elles doivent classer ces pertes dans la catégorie des "créances non liées au crédit" ce qui signifie qu'elles proviennent d'éléments extérieurs, comme la baisse de la liquidité, plutôt que de la fragilité intrinsèque de l'investissement. Les bénéfices n'en sont ainsi pas affectés.



Naturellement, cela donne aux banques un intérêt à classer ces pertes dans la catégorie des "créances non liées au crédit".



Beaucoup l'ont fait au premier trimestre 2009 - le premier où la mesure était autorisée - et préservé ainsi des centaines de millions de dollars de bénéfices.



Jack Ciesielski analyste du service de recherche comptable Analyst's Accounting Observer, a calculé que sans ces modifications des normes comptables, les 45 banques qu'il a étudiées auraient publié un bénéfice inférieur de 42% en moyenne.



Si l'effet n'apparaît pas aussi prononcé au deuxième trimestre, certaines banques continuent d'en tirer fortement profit.



Wells Fargo avait ainsi 664 millions de dollars de charges de dépréciation avant impôts à passer au deuxième trimestre qu'elles a reclassées dans la ligne bilantielle "résultat étendu", contre 344 millions de dollars au premier trimestre.



Si la banque avait inclu ces charges dans le compte de résultat classique, le groupe aurait publié un résultat après impôts inférieur de 14,1%. Le cas est identique pour State Street, qui aurait enregistré des résultats inférieurs de 13,8% en tenant compte de ces charges de dépréciations.



Ce transfert des charges de dépréciation vers la ligne de "résultat étendu" a un autre avantage pour les banques: il évite de voir baisser leurs fonds propres réglementaires. Ainsi certains ratios clés de solvabilité comme le Tier 1 peuvent bénéficier d'un coup de pouce.



On peut y voir également un autre bénéfice: les changements de normes de la FASB peuvent amener les banques à reconnaître plus facilement les investissements dépréciés dans la mesure où cela n'affecte pas leurs bénéfices. Sans ces modifications comptables, les banques pourraient être plus rétives à reconnaitre ces charges de dépréciation.



-Michael Rapoport, Dow Jones Newswires