En déboursant 640 millions d'euros pour 40% du capital de Médi Télécom, France Télécom SA (FTE.FR) a accepté de payer cher pour une opération à l'intérêt immédiat limité. Ce qui augure mal des prochaines acquisitions du groupe.



L'accord annoncé mardi valorise Méditel plus de dix fois son excédent brut d'exploitation, contre un multiple de 7,3 pour le leader du marché, Maroc Télécom Group (IAM.CL), et moins de 5 pour le français. Le numéro deux marocain des télécoms contribuera néanmoins aux bénéfices du groupe dès 2011, a souligné France Télécom.



Plusieurs éléments limitent l'intérêt de cette opération: la participation de France Télécom sera portée à 49% d'ici 2015 mais devrait rester minoritaire. Méditel est presque six fois plus petit que Maroc Telecom, la filiale de Vivendi SA (VIV.FR). Et si le marché marocain reste en croissance, il est plus mature qu'ailleurs en Afrique et devient plus concurrentiel.



Pour faire mentir ses détracteurs, France Télécom va devoir tirer le meilleur de Méditel. Le groupe dispose de ce point de vue d'une marge de manoeuvre certaine. La marge brute d'exploitation de Méditel est de 40% contre presque 60% pour Maroc Télécom. France Télécom va devoir multiplier les synergies, notamment avec les filiales françaises et tunisiennes ou sur le segment des entreprises.



France Télécom devra également faire preuve d'une grande discipline financière, alors qu'il souhaite dépenser entre 5 et 7 milliards d'euros d'ici trois à cinq ans pour doubler son chiffre d'affaires dans les pays émergents. En 2009, le groupe a réalisé un chiffre d'affaires de 3,4 milliards d'euros sur ces marchés qui offrent une croissance et des marges supérieurs à la moyenne.



S'il a officiellement renoncé aux acquisitions géantes destructrices de valeur, le groupe devra aussi se montrer prudent sur les opérations de petite taille. Plusieurs dossiers sont déjà à l'étude, en Afrique, au Moyen-Orient et en Europe de l'Est. Et la tentation de surpayer ces opportunités sera d'autant plus forte que les candidats devraient être nombreux.



La stratégie de croissance dans les pays émergents est une nécessité, car France Télécom est surtout présent dans des marchés matures. L'opérateur réalise encore près de la moitié de son activité en France, et reste avant tout européen. Il est notamment menacé en France, où il fait face à des pressions fiscales, avec la suppression probable d'une TVA préférentielle pour les offres triple-play, et dans le mobile avec l'arrivée prochaine de l'offre de son concurrent Free.



L'entrée au capital de Méditel n'est pas en elle-même lourde de conséquences pour France Télécom, qui est pratiquement 100 fois plus gros que sa cible. Mais elle préfigure une vague d'acquisitions qui devront être surveillées pour s'assurer que le groupe utilise au mieux l'argent de ses actionnaires.



- Ambroise Ecorcheville, Dow Jones Newswires; 33 (0)1 40 17 17 71; ambroise.ecorcheville@dowjones.com

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