Le groupe d'hôtellerie et de services Accor SA (AC.FR) a déclaré mercredi que la cession d'actifs immobiliers resterait un élément clé de la stratégie du nouveau groupe Accor.



Cette nouvelle entité ne comportera plus de division tickets restaurants, une source importante de trésorerie, après la scission de la société en juin.



Le groupe a annoncé mercredi qu'il comptait réaliser fin juin 2010 la scission de ses deux métiers en deux entités cotées, une initiative visant à attirer les investisseurs au moment où les taux d'occupation dans l'hôtellerie donnent des signes de stabilisation.



"Les deux activités ont atteint la taille critique", a souligné Gille Pélisson, le président-directeur général du groupe, lors d'une conférence téléphonique.



Accor avait annoncé l'an dernier son projet de scission de ses deux métiers, mettant ainsi un terme aux critiques selon lesquelles les deux activités étaient trop différentes pour coexister au sein du même groupe.



Premier groupe hôtelier d'Europe par le nombre d'établissements détenus, Accor a indiqué qu'à l'issue de ce processus, l'entité hôtelière hériterait de la majeure partie de la dette nette actuelle d'Accor, qui s'établit à 1,6 milliard d'euros. La nouvelle société, qui conservera le nom d'Accor, cherchera à réduire rapidement sa dette - de 1,2 milliard d'euros - par le biais de cessions d'actifs tels que la participation de 49% au capital du casinotier Groupe Lucien Barrière.



Accor projette de se séparer de sa participation dans Lucien Barrière d'ici à la fin de l'année, probablement par le biais d'une introduction en Bourse, a indiqué G.Pélisson mercredi. Il a ajouté que cette participation était estimée entre 500 et 700 millions d'euros.



Accor compte céder des actifs d'une valeur de 450 millions d'euros dans l'hôtellerie cette année.



Sous l'égide de G.Pélisson, Accor a engagé une politique de cession des murs de ses hôtels au profit de contrats de location, libérant ainsi des fonds. G.Pélisson a indiqué mercredi que le groupe souhaitait continuer de mettre l'accent sur les franchises et les contrats de gestion.



Le groupe cherche à réduire la proportion d'hôtels qu'il détient directement à 29% d'ici à 2013, contre 40% en 2009. Le directeur général adjoint d'Accor, Jacques Stern, a déclaré à Dow Jones Newswires que le groupe devrait continuer à céder des actifs et réduire le poids des actifs immobiliers après 2013, adoptant une stratégie répandue dans le secteur.



Le britannique InterContinental Hotels Group PLC (IHG), par exemble, détient moins de 1% des propriétés qui acueillent ses hôtels.



L'activité hôtelière vise à être notée dans la catégorie investissement. Fitch a confirmé mercredi sa note BBB- sur la dette du groupe. Soulignant le bon bilan d'Accor en termes de cessions d'actifs, l'agence de notation a toutefois prévenu que le groupe pourrait rencontrer des obstacles en la matière, en raison d'un environnement économique déprimé sur les marchés matures. De son côté, Standard & Poor's a abaissé sa note sur la dette d'Accor de BBB à BBB-.



L'entité services, qui reprendra 400 millions d'euros de dettes, doit être cotée à Paris en juillet, et visera une note élevée dans la catégorie investissement.



Le groupe a annoncé mercredi une perte nette de 282 millions d'euros au titre de l'exercice 2009, en raison de charges de dépréciation d'actifs et d'un recul de son chiffre d'affaires. Le résultat courant avant impôt et éléments non récurrents s'est établi à 448 millions d'euros, qui se situe dans la partie haute de la fourchette de 400 à 450 millions d'euros visée par le groupe.



L'un des arguments en faveur de la scission est qu'une entreprise d'hôtellerie indépendante sera contrainte à un fonctionnement plus efficace une fois qu'elle ne pourra plus compter sur le soutien des services, dont la solide croissance a servi ces dernières années à financer l'expansion du réseau hôtelier d'Accor.



Le pôle services a mieux résisté que les hôtels à la crise économique, mais a récemment vu ses bénéfices érodés par la baisse des taux d'intérêt en Amérique latine. Accor place en effet l'argent avancé par ses clients dans des investissements à court terme. Ce repli des taux, ainsi que le niveau élevé du chômage en Europe, devraient continuer à peser sur l'activité au premier semestre, a indiqué Accor mercredi.



L'industrie hôtelière a été affectée par la crise de façon précoce, les voyages d'affaires ayant figuré parmi les premiers postes budgétaires sacrifiés par les entreprises. Les perspectives du secteur en termes de reprise sont moins bonnes que celles des autres secteurs jusqu'ici.



Les groupes hôteliers restent prudents en matière de perspectives. La semaine dernière, InterContinental a indiqué s'attendre à ce que son chiffre d'affaires reste sous pression jusqu'à une ce qu'une reprise plus ferme des voyages d'affaires se soit dessinée. Millennium & Copthorne Hotels PLC (MLC.LN) mise sur une augmentation de son chiffre d'affaires au premier semestre, mais s'est refusé à prédire un redressement de la situation bien que ses résultats du quatrième trimestre aient dépassé les attentes.



"Petit à petit, nous assistons à une amélioration dans l'hôtellerie de milieu et haut de gamme, mais cela est très relatif compte tenu des faibles niveaux dont nous partons", a indiqué mercredi Gilles Pélisson, au sujet du marché européen.



- Mimosa Spencer, Dow Jones Newswires; +33 1 40 17 17 73; mimosa.spencer@dowjones.com



(Michael Corolan à Londres a contribué à cet acrticle.)

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